Lutter contre le perfectionnisme, sujet à la mode
Il y a un sujet très à la mode dans le développement personnel, plus précisément pour les entrepreneurs, c’est celui du perfectionnisme. Les gourous en carton te bassinent avec le fait de montrer ce qu’on fait avant que ce soit parfait, pour que le perfectionnisme ne soit pas un frein.
Comme toujours pour ces sujets, il y a un fond de vérité voire de bon sens. Je ne remets absolument pas ce fond en cause. Seulement voilà cette injonction a des conséquences perverses (ou drôles, ça dépend de ton point de vue).
Vouloir être parfait en prônant l’imperfection
J’ai récemment été frappée par les commentaires sur Instagram d’une publication sur le sujet du perfectionnisme. Vois-tu, les personnes clamaient toutes en chœur “vive les imperfections” (en gros) mais sans aucune personnalité dedans.
En lisant tout ça, ce qui m’est venu en tête : trop drôle, ces gens essaient de se montrer parfaits, en récitant leur leçon sur l’imperfection. L’idée n’est pas de montrer du doigt des gens, hein, et puis c’est le genre de bêtises que j’ai faites aussi, ce qui fait que ça m’a frappé encore plus.
Voilà l’effet pervers/ironique/drôle de l’histoire : en voulant assumer les imperfections, on tombe dans le perfectionnisme du bon petit élève qui a bien appris sa leçon.
Mal extrapoler les besoins du monde de la tech
Revenons un peu aux sources de cette mode de l’imperfection. À la base, ce concept de montrer les produits aux utilisateurs avant qu’il soit achevé vient du monde logiciel (agile, lean startup, design thinking et compagnie) puis a été extrapolé et étendu à d’autres domaines avec plus ou moins de succès.
Ce qui fait sens pour un logiciel, c’est-à-dire finalement orienter le produit selon les besoins clients donc récolter des retours clients le plus tôt possible, n’a pas forcément de sens ailleurs. Du moins pas de la même façon dès que l’enjeu ne concerne plus froidement un produit mais implique de l’humain.
Tu me vois venir avec mes gros sabots, peut-être. Je continue.
Déformer le tout sur les réseaux sociaux
Ce que j’observe autour de moi, plus particulièrement sur les réseaux sociaux (voilà pour la paire de sabots) qui agissent comme une loupe déformante de certains travers, c’est une tendance à privilégier la parole, la communication, la présence en ligne, le storytelling (appelle-ça comme tu veux, pour moi : du blabla) à l’expertise, la maîtrise, la valeur du produit ou du service.
Aujourd’hui on peut entendre partout de la part de gourous en carton que n’importe qui peut devenir expert de n’importe quoi en lisant 3 bouquins et en ayant une communauté sur les réseaux sociaux qui est moins au courant que soi sur le sujet.
Oui, peut-être, si on regarde les statistiques, si on lit un bouquin que 2% des gens ont lu, on en sait potentiellement plus que 98% des gens (et encore, ça dépend du bouquin…). Mais franchement est-ce que c’est un objectif valable d’être un peu moins ignorant que les autres pour briller dans la mondanité du piaillage des internets ? Et puis est-ce qu’on les repère pas à 3 km ces experts en carton ?
Et on obtient une parfaite médiocrité
Le rapport avec le perfectionnisme ? Cette façon de voir est censée être décomplexante et favoriser le passage à l’action, même si on n’y connaît rien à un sujet.
En réalité, elle favorise le nivellement par le bas des expertises, des ambitions et de l’engagement de chacun par rapport à ses objectifs. Et ça, ça c’est une putain de forme de perfectionnisme ! Zéro prise de risque, zéro engagement, zéro ambition en plus d’avoir zéro expertise.
J’avais déjà entendu la divine Laure Jouteau en parler dans son kit anti-perfectionnisme sans vraiment comprendre mais maintenant je le vois ! Ça me saute en pleine tronche. Ce qui n’est pas agréable parce que ça me concerne aussi… Ben oui !
Rester dans une forme familière de médiocrité est du perfectionnisme pour la simple et bonne raison qu’on ne cherche pas à remettre en cause ce qu’on croit savoir ni prendre aucun risque, puisque ça fait peur.
Tout en se persuadant d’avoir tout compris à la vie, l’univers et le reste
Une fausse sagesse qui nous fait prendre le repli dans la médiocrité pour la plus sainte des vertu, celle de prôner les erreurs et les imperfections. Toujours les mêmes travers qu’on voit dans le développement personnel mainstream : se cacher derrière une fausse sagesse au lieu de juste… vivre.
Être “expert” sur un sujet en ayant lu 3 bouquins et puis s’arrêter là parce que le sujet ne nous plait pas, c’est OK. Mais continuer ? Pourquoi faire d’un sujet inintéressant pour soi une activité ?
La réponse : perfectionnisme (qui n’est autre qu’une des nombreuses autres dénominations de la peur, tout comme : syndrome de l’imposteur, paresse, procrastination, etc.).
Se contenter d’un niveau de vie insatisfaisant en se disant que ça ira mieux demain ? Perfectionnisme.
Vouloir progresser confronte forcément au risque d’échec, ce qui fout la trouille au bon élève perfectionniste.
Boire les paroles des gourous en carton du développement personnel ? Perfectionnisme.
Se réfugier dans la mièvrerie de la spiritualité ? Perfectionnisme.
Pas de solution à part ne plus se voiler la face
Le remède ? Regarder cette médiocrité en face.
Oui, c’est désagréable. Oui, ça prend du temps. Oui, ça demande des efforts.
Se rendre compte que malgré tous ces efforts pour être un bon petit soldat, on cherchait juste à se cacher le fait qu’on n’en était pas un. Pas parfait, pas bon, pas beau, décevant. Humain.
Se rendre compte cette humanité fait réellement notre unicité et notre beauté.
Se rendre compte qu’on est réellement parfaitement imparfait.
Et surtout, surtout, faire attention de ne pas retomber dans le même piège… ! Ce serait ballot, n’est-ce pas ?
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